MODE OPERATOIRE


Pour consulter les goguettes chantées au Limonaire, selectionnez-les dans la partie de droite ARCHIVES DU BLOG.


Pour ajouter une goguette: Cliquez ici pour les explications pour ajouter une goguette

------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

lundi 29 mars 2010

Les chats

Chanté le : 29 mars 2010
Auteur de la chanson originale: Brassens
Titre original: Supplique pour être enterré sur une plage de Sète
Goguettier: Oscar
Texte de la goguette: Les chats

A toi que la bêtise ou l'envie rend méchant
Toi que la morgue incite à juger mes penchants
Toi que mes amourettes dépassent
Une bonne fois pour toute cette chanson
Répondra à ma place à tes affreux soupçons
De zoophilie et j'en passe

S'il est vrai que mon cœur qui fut longtemps aigri
En pince à nouveau fort pour un beau mistigri
Au point d'aimer même sa litière
Ne va pas raconter que c'est son pédigrée
Qui m'a chauffé le cœur à un si haut degré
Le chat que j'aime est de gouttière

En jugeant notre époque et nos petits travers
Tu dis qu'aimer les chats dénote un goût pervers
Une sorte de décadence
Sache qu'un tel amour ne date pas d'hier
Hérodote en son temps s'en fit l'écho d'ailleurs
En esquissant un pas de danse

Sur le delta du Nil tout près des pyramides
Les Égyptiens bâtirent un temple à la timide
Déesse chatte nommée Bast
Son culte fut de tous un des plus populaires
Tant pis si comme toi les historiens foulèrent
Du pied tant d'amour et puis bast' !

Il est vrai qu'en surplus à la fécondité
La déesse donnait dit-on en aparté
L'assurance de performances
Que les amants d'alors savaient mettre à profit
Pour faire de beaux enfants ainsi ce culte fit
Le bonheur de bien des romances

Quand vint le temps du grain et des agriculteurs
On loua chez le chat ses dons de prédateur
De croqueur de rats campagnols
Quant à moi sans céder aux vues utilitaires
Grand amateur de jeu, surtout en solitaire
Je trouve le chat croquignol

Je ne suis pas le seul à aimer les miauleurs
Sans considération de race ou de couleur
Sans songer à la chose utile
Pour Céline son Bébert était « le tact en ondes »
Pour Ernest Hemingway ce n'était pas immonde
D'aimer cent chats polydactyles

Mahomet lui aussi aima un chenapan
Un chat de rien du tout qui tua le serpent
Peu importe sa parenté
En souvenir de lui qui sauva le prophète
Chez tous les musulmans les chats sont à la fête
N'en déplaise à la chrétienté

Bien qu'il ait dit souvent « les chats sont diaboliques »
Richelieu en privé en avait toute une clique
Quatorze en tout dont la minette
Qu'il appela Soumise était sa favorite
Dormant sur ses genoux et buvant l'eau bénite
De ce prélat fort malhonnête

Qu'on ne nous parle plus des temps où se dictait
Que dans les yeux des chats l'Enfer se reflétait
Où la bure imposait sa thèse
Que pour l'amour de Christ incarné parmi nous
On brûlât les sorcières et leurs damnés minous
Et refermons la parenthèse

Si l'on devait coucher les noms sur un carnet
De tous les gens connus entichés d'un minet
Ça ferait un sacré bottin
Aussi pardonne-moi si je joue au greffier
Qui tient le répertoire des fana de greffiers
C'est que j'aime bien les potins

Scarlatti composa des fugues et des sonates
Pour sa Pucinella reine de ses pénates
Une chatte bien affective
D'autres musiciens eurent un chat en bon génie
Mozart Chopin Ravel Fauré et Rossini
La liste n'est pas exhaustive

Jusque dans l'antichambre des rois et des puissants
Se pavanaient des chats angora ou persan
Se moquant de l'impertinence
Colbert et Montesquieu Louis Quinze ou bien de Gaule
Churchill et puis Clinton il n'y a pas qu'en Gaule
Que les chats jouent à l'éminence

Mais s'il est un domaine où les chats ont posé
Durablement leurs pattes et se sont imposés
En compagnons inévitables
C'est celui très prisé de la littérature
Pardon mais je ne peux sans friser l'imposture
Taire les noms les plus notables

Si j'ai cité plus haut Hemingway et Céline
Il est d'autres auteurs qu'une passion féline
Habitait de toute leur âme
Baudelaire Maupassant Gautier et Mallarmé
Dumas Zola Hugo chacun d'eux a aimé
Les chats s'ils n'aimaient tous les dames

De tous les cas connus chez les femmes de lettre
Celui de Georges Sand mériterait de l'être
Comme l'un des plus délectables
Sachant que le matin au petit déjeuner
Son petit chat mangeait sans qu'elle en fut gênée
Dans son assiette et sur la table

De tous les plumitifs que je voulais citer
De Montaigne à Perrault et à son chat botté
Je veux finir sous la houlette
De cette amie des chats la plus fameuse de toutes
Dont Kiki-la-Doucette est fort connue sans doute
Et saluer enfin Colette

Je t'épargne la suite elle n'aurait pas de fin
Et de ce qui précède tu peux comprendre enfin
Que ton dédain est obsolète
Mon amour a pour lui tant de prédécesseurs
Tu comprendras mon vieux que j'ai pour les censeurs
Moins d'affection que pour les bêtes

Pour te remercier de m'avoir écouté
Je te dois à la fin ces mots à méditer
C'est que l'amour est réciproque
Crois-moi si tu le peux et tu m'en saura gré
Que quand il bat le cœur est bien récompensé
Fut-ce pour un chat qu'il en croque

Crois-moi si tu le peux et tu m'en saura gré
Que quand il bat le cœur est bien récompensé
Fut-ce pour un chat qu'il en croque

lundi 15 mars 2010

Paris sous les eaux

Chanté le :
Auteur de la chanson originale: Brassens
Titre original: Stances à un cambrioleur
Goguettier: Oscar
Texte de la goguette:

Visiteur des abysses, plongeur ou bien ondine
Toi qui découvrira,en suivant les poissons
D'ici à deux mille ans, ma cité sous-marine
Pour t'en conter l'histoire j'ai fais cette chanson

C'est ma ville, d'où j'écris cette correspondance
En espérant beaucoup, en dépit du déluge
Qu'elle te parviendra, à toi, ma descendance
Si la Terre a daigné t'accorder un refuge

Cette ruine que tu vois sous ton masque et tes palmes
N'a pas toujours été dans un si triste état
Si l'on eût concouru à qui aura la palme
Ma ville aurait gagné, sans mentir je le crois

Du temps de mes ancêtres, on l'appelait Lutèce
Perchée sur des ilots, en proie à bien des crues
Était-ce le génie, ou bien sagesse était-ce
Elle prospéra bientôt grandement, qui l'eut cru ?

Au fil de bien des siècles et de péripéties
Elle devint capitale des lettres et des arts
Grande ville s'il en est, c'est bien dommage si
Les hommes de mon temps le comprennent trop tard

Avant qu'elle ne se noie, que sa flamme ne vacille
Qu'elle ne soit submergée, du fond de ma chaumière
Je veux encore y croire, que pour toujours il brille
Le feu qui lui valu son nom : ville lumière

Toi qui la trouvera, comme une ruine antique
Apprends à mieux la voir sous son fard de corail
Ces arêtes rocheuses étaient de fiers portiques
Et ces cailloux nacrés les reflets d'un vitrail

Cette protubérance, toute d'algues touffue
Était un obélisque, Place de la Concorde
Ce gros rocher une arche, la plus glorieuse qui fut
c'est dur à croire je sais, c'est sûr, je te l'accorde

Ces ruines englouties, ces débris, ces vestiges
Ces coupoles crevées, où dansent les sirènes
Faisaient jadis honneur, par leur brillant prestige
A la fierté des hommes, avant celle des murènes

A propos j'ose dire, moi qui suis ton aïeul
Sans vouloir t'imposer un injuste chagrin
En voyant ces murènes, fais-leur un beau clin d'œil
Elles ressemblent beaucoup à mes contemporains

Car depuis l'origine, jusqu'à la catastrophe
Il faut bien l'avouer, en dépit des alarmes
Les hommes d'ici-bas, tartufes philosophes
Ont tout noyé d'abord sous des torrents de larmes

Dans ces palais dorés, couverts de coquillages
Vivaient jadis des princes, qu'on appelait Monsieur
Dont la folie fut telle que leurs enfantillages
Ont détraqué le temps et la Terre et les cieux

Sous les pinces des crabes, de faux savants allègres
Méditaient bien plutôt que les lois naturelles
L'algèbre bidouillée des temples de la pègre
Dont tu vois les débris d'acier qui s'amoncellent

Dans cet observatoire, où joue un cachalot
Avec des poissons clown, des météorologues
Assistaient impuissants à la montée des flots
Le cataclysme vint poser son épilogue

Noyée la fière Europe,sous les eaux torrentielles
Emportés sous la vague de l'océan trop plein
Les pays limitrophes qui défièrent le ciel
Dont fit partie la France, le pays qui fut mien

Engloutie chère ville, au passé héroïque
Dont la devise flu - ctua nec mergitur
Pardonne-moi de le dire au fond n'était que
N'en déplaise à Brassens, de la littérature

Puisses-tu trouver là, parmi les anémones
Toi qui viens du futur, ces mots pour toi écrits
Surtout ne va pas croire que je te sermonne
Accorde-nous plutôt, ton pardon, je te prie

Postscriptum, si les hommes, descendent du cœlacanthe
Toi qui nagera là, au-dessus de Paris
Relis bien Blaise Pascal et Prévert et puis chante :
On ne survit pas bien aux stupides paris